Cours complet de sérigraphie

© Serge Renoud - ISBN - 2-9512454-1-6

Contrôle de qualité

Comme aide à la compréhension de ce chapitre servez-vous du questionnaire N° 9

 

Le contrôle de la qualité doit vous amener à être capable de discerner les défauts ou les écarts des impressions que vous réalisez - vous devez reconnaître les exemplaires qui sont commercialisables de ceux qui ne le sont pas et être en mesure de contrôler tout au long de la chaîne de fabrication les défauts et de connaître leurs répercutions sur le travail final. Le contrôle de qualité doit d'effectuer à la fois sur l'impression proprement dite et sur le support. Au niveau de l'impression tous les exemplaires mal imprimés doivent être éliminés, les épreuves qui ne sont pas assez encrées, celles qui sont bavées, celles dont les couleurs sont décalées ou qui sont imprimées de travers, celles dont les finesses ont disparu. On peut considérer que ces défauts sont de base et qu'ils sont reconnus non vendables pour toutes catégories de produits.

Une foule d'autres imperfections peuvent être mises en valeur mais non avec la même sévérité selon qu'il s'agit d'un produit haut de gamme, ou bas de gamme ; d'un produit que l'on regarde de près ou plutôt de loin.

Les produits bas de gamme sont des produits de qualité courante à un prix de vente assez bas, réalisés dans un court laps de temps. Leurs cahiers des charges sont en général non écrits et comprennent les restrictions mentionnées plus haut pour les exemplaires mal imprimés. Sur ce type d'articles les défauts du genre mauvaise résolution, écart dans la couleur, solidité médiocre sont monnaie courante. Ils sont bien sûr compensés par un prix de vente intéressant pour les clients. Si ce type de travail vous est demandé il ne faudra pas laisser des défauts exprès mais, les exigences du client sur le prix et sur les délais feront qu'ils seront inévitables. Vous pouvez engager des frais supplémentaires de personnel, de matériel et de produit mais, attention de ne pas y être de votre poche !

Les articles réalisés dans ces conditions seront destinés à être donnés dans le cadre de promotions (tee-shirts, bobs, stylos, petits objets marqués) ou à avoir une durée de vie très courte. (affiche annonçant une manifestation sportive etc.)

Le record du rapport mauvaise qualité/bas prix (pour la petite histoire) reste semble-t-il les bobs distribués lors du tour de France 88, imprimés à quelques centaines de milliers d'exemplaires dans un pays du tiers monde ils réunissaient tous les défauts énoncés ci-dessus, bavés, manque d'encre, maculage, pour compléter le tableau le support était très mal cousu.

Si les produits bas de gamme sont regardés de loin, en voiture à grande vitesse par exemple et le plus souvent ils ne sont pas regardés mais à peine vus ; les produits haut de gamme sont eux, examinés au compte-fils. Pour réaliser ce type d'article vous établissez avec votre clients un contrat de qualité le dernier vous impose un cahier des charges précis dans lequel sont consignés tous les éléments importants. Toutes ces informations seront reportées sur le bon à tirer le plus clairement possible. Elles porteront sur la couleur, (teinte - luminosité - aspect - cf le cours sur la couleur) des N° de référence pantone® ou des échantillons de couleur vous seront imposés sur, la solidité, la résistance à tel ou tel produit de nettoyage, vous devrez peut-être délivrer une garantie de 3 à 7 ans (cas des autocollants longue durée), sur la précision des traits et du calage (cas des impressions de cadrans d'appareil de mesure).

Évidemment n'importe qui refuserait une impression parfaite sur un support abîmé. D'un atelier de sérigraphie doivent sortir des articles neufs; vous devez donc apprendre à manipuler les supports avec la plus grande délicatesse, ils ne doivent être ni "cassés" (cas des feuilles de papier ou de PVC ) ni tachés et, correctement coupés. Pour atteindre ce résultat un impératif absolu : la propreté parfaite du poste de travail. L'encre doit se trouver devant la racle uniquement, sur l'écran et nulle part ailleurs. Si vous imprimez des vêtements ils doivent être sans tache et qui plus est sans trou ni défaut de tissage, les coutures bien prises et, ils ne doivent pas trop rétrécir après le premier lavage.

C'est là qu'interviennent les notions du savoir-acheter. C'est vous qui devez passer un contrat avec votre fournisseur en indiquant ce que vous attendez exactement du support concerné. S'il rétrécit trop, c'est contre vous que se retournera le client et non contre le fabriquant. Pour se prémunir contre une telle éventualité et pour éliminer certains risques de détérioration du support on doit établir une liste de conseils d'utilisation, voir le code d'entretien des articles textiles.

En reprenant celle d'un fabriquant, pour un tee-shirt on peut établir les conseils suivants : lavage à 40° - eau de javel interdite - et, ajouter des conseils tels que : laver avec le motif à l'intérieur, ne pas étendre en plein soleil, repasser à l'envers.

Pour un autocollant on pourra spécifier les produits interdits pour son nettoyage, l'acétone par exemple, l'endroit ou il devra figurer : intérieur ou extérieur ? Sur une surface qui chauffe ? À l'humidité ? Vous ajouterez des conseils pour la pose de cet autocollant.

Tous ces conseils devront faire l'objet d'une notice technique ou même mieux, figurer en annexe du Bon à tirer (B à T). Pour les conditions d'établissement d'un Bon à Tirer, voici un extrait d'un document émanent de la chambre syndicale de la Sérigraphie :

Article 26 : "... le bon à tirer sous forme de calque auquel peuvent être joint des touches de tons exécutés de préférence sur la matière du tirage; exceptionnellement le bon à tirer sur machine.

Chacun de ces bons , sans autre formalité que leur signature par le client, dégage formellement la responsabilité de l'entreprise de sérigraphie pour les travaux exécutés antérieurement à ladite signature, sous réserve , bien entendu, qu'il soit tenu compte des corrections ou indications portées sur le bon. Dans le cas où le client fournit à l'entreprise un bon pour exécution suffisamment précis, l'étape du bon à tirer pourra être supprimée."

En résumé un B à T est un dessin en noir, les couleurs viennent se caler par dessus avec des calques. Le N° des couleurs est clairement spécifié ainsi que l'échelle du document. La date précédée le la mention :"lu et approuvé" rendent le document officiel. Dans le cas de tirage important sur tee-shirts il faut le faire sur un tee-shirt et faire signer le client dessus. Ceci avalise le support du même coup.

En annexe du B à T il est également nécessaire d'établir un bon de commande qui indiquera le prix et les conditions de commande, les réserves d'utilisation, les éventuelles garanties que vous donnez et le nombre d'exemplaires.

En tenant compte de ce qui vient d'être dit il faut pour chaque tirage déterminer des objectifs à atteindre au niveau de la qualité et, une fourchette à l'intérieur de laquelle les imprimés seront commercialisables et à l'extérieur de laquelle ils iront rejoindre la corbeille à papier pour être recyclés ou, le tas de chiffons. Les efforts se porteront sur 3 points :

- La conformité de la couleur,

- Les erreurs de composition

- Les incidents techniques, pour les incidents techniques voir le cours "résolution".

 La couleur, vous devrez la fabriquer en mélangeant les encres conformément aux instructions du pantone® ou autre étalonnage de référence. Les outils indispensables pour obtenir un résultat correct sont une balance précise et des gobelets de mesure. Le nuancier pantone® n'est pas toujours adapté à la sérigraphie, c'est donc votre coup d'oeil de professionnel qui aura un rôle prédominant ; éduquez le. Il faut que le sérigraphe ait des connaissances précises sur la perception des couleurs (cf. cours "couleurs"). Un entraînement régulier : observation des objets colorés tels que fleurs, tissus, suivie d'une étude comparative permettant de leur donner des noms, vous permettra de construire dans votre tête une véritable banque de données des couleurs. Des outils comme le colorimètre qui mesure la couleur, sur le spectre lumineux, le brillancemètre qui donne la brillance d'une couleur avec une unité qui lui est propre, le G.U. (Gloss Unit), vous seront d'un grand secours. Récemment sont apparus sur le marché des systèmes de mise à la teinte par ordinateur proposés par des fabricants d'encre. Une cellule analyse la couleur et en transmet les données à l'ordinateur qui, en retour donne le mélange à préparer à partir de l'encre choisie. Sur un Bon à Tirer il est prudent d'émettre des réserves pour les couleurs très claires qui jouent avec leur transparence sur la couleur du fond. Ces couleurs sont très difficiles à garder d'une épreuve à l'autre puisqu'elles varient selon la manière de passer la racle ; des gouttelettes d'encre suivent la racle, une pression trop forte et irrégulière, un double passage modifient la teinte ou salissent ce genre de couleurs.

Pour faciliter ce travail une solution très utilisée consiste à faire choisir la couleur au client sur une gamme restreinte d'une trentaine de teintes facilement exécutables. Ces gammes sont distribuées par les fabricants d'encre et présentent l'avantage d'être livrées directement en pot (aucun mélange à faire par conséquent). Pourtant il y a une restriction à cette solution : parfois on constate des différences de teinte sur des pots portant la même référence.

Le sérigraphe devra être particulièrement attentif aux erreurs de composition, aux fautes d'orthographe et en particulier aux "coquilles" qui sont la hantise des imprimeurs et plus encore celle des sérigraphes.

Une coquille est une erreur typographique ; une lettre mise à la place d'une autre, une omission, une addition, ou un mélange de lignes (cf. le cours sur la question). Dans tous les livres vendus en librairie, il y a des coquilles mais, jamais on a vu en vente un tee-shirt avec une faute d'orthographe. Laisser passer une coquille coûte très cher, une chasse impitoyable s'impose et implique l'adoption d'une méthode rigoureuse. Les conditions de travail doivent être excellentes, le calme par exemple est indispensable. N'oubliez pas d'inclure dans le temps de composition celui de la relecture. Cette relecture doit être impérativement prise en charge une autre personne que celle qui a composé. Si cette condition est impossible à remplir, sachez qu'il est très important de ne pas se livrer à cette relecture tout de suite mais qu'il faut ménager un délai, laisser reposer. Si le texte est court on pourra effectuer la vérification lettres par lettres en commençant par la dernière lettre du texte (ex. : r u o j n o b). On pourra aussi compter les lettres sur l'original et sur la maquette.

Les outils pour ce travail sont le dictionnaire orthographique, vérificateur orthographique (si on travaille sur un ordinateur), l'annuaire des abonnés à France telecom (pour les noms et les numéros de téléphone) et aussi une bonne culture grammaticale.

Une autre erreur qui peut arriver dans la composition est de mettre lors du montage un film à l'envers, ceci est guère possible pour un texte mais est fréquent pour un dessin ou un logo où le sens n'est pas évident.

Il faut donc sans arrêt se référer au Bon à Tirer même si cela paraît superflu.

S'il y a une faute d'orthographe dans le Bon à Tirer signé par le client il faudra la corriger car même si légalement le sérigraphe est couvert la réputation de l'entreprise en souffrirait.



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© Serge RENOUD

Dépôt légal en décembre 1999