Cours complet de sérigraphie

© Serge Renoud - ISBN - 2-9512454-1-6

Les images fantômes

Comme aide à la compréhension de ce chapitre servez-vous du questionnaire N°17
ou du questionnaire en ligne

On appelle "images fantômes" les traces d'anciens motifs qui apparaissent dans l'impression en cours. Ces traces sont surtout visibles dans les aplats. Plutôt que visibles on pourrait dire lisibles, car parfois on reconnaît nettement une impression que l'on a faite plusieurs mois auparavant. Bien que ce phénomène soit surtout spectaculaire dans ce cas de figure, il n'en reste pas moins gênant quand il se manifeste dans la surface des lettres d'un titre par exemple. Les sérigraphes qui souffrent le plus des images fantômes sont ceux qui travaillent sur du verre et des surfaces transparentes telles que du plexiglas.

En effet ces images indésirables sont encore plus visibles quand la lumière les traverse; c'est le cas des vitres traversées par le soleil et des plexiglas éclairés par derrière dans un caisson lumineux. Ce phénomène pose la question du nettoyage des écrans. Il est bien évident qu'avec un écran neuf on n'aura pas ce problème. À ce sujet il faut savoir que les sérigraphes japonais n'utilisent en général leurs écrans qu'une fois. Après usage ils sont détruits. Le travail s'effectue toujours avec du tissu neuf. C'est une manière de régler la question qui nous occupe dans ce cours.

Pour éliminer les images fantômes il ne s'agit pas de bombarder les écrans de produits chimiques au hasard, ou encore de se débarrasser trop hâtivement des écrans contaminés. Il convient de bien comprendre ce qui se passe pour y apporter les solutions appropriées et aussi pour apprendre à travailler de telle sorte qu'elles ne se produisent pas, ce qui est une action préventive séduisante à tout point de vue puisque qu'elle implique une économie de temps, d'argent et restreint l'usage des produits toxiques.

Bien que le phénomène soit mal compris il existe aujourd'hui des pistes intéressantes à suivre. L'examen des tissus en cause au microscope électronique (grossissement 300 fois) a montré qu'il y avait deux types de causes aux images fantômes. La première étant des résidus d'encre ou de matières indéterminées et microscopiques situées sur les fils dans la face interne des mailles, la moins accessible au nettoyage. La deuxième étant l'altération des fils eux mêmes. D'un côté on a une solution chimique, de l'autre une solution physique (rentoiler l'écran).

L'étude de ces résidus montre que ce sont des restes de pigments, de liants ou de résines d'une épaisseur de quelques microns seulement. Ces dépôts ne sont pas disposés uniformément le long des fils mais présentent une structure "en écaille" selon les propos des observateurs. Il se logent d'abord dans les angles des mailles puis au fur et à mesure des utilisations gagnent la surface des fils.

Les techniciens qui étudient les tissus ont aussi remarqué que ces dépôts sont plus fréquents lors d'impressions tramées et lors de l'utilisation des encres synthétiques de couleur noire, lilas, verte violette ou bleue. Ces images fantômes disparaissent parfois en cours d'impression, le diluant de l'encre dissolvant littéralement les dépôts.

La destruction des résidus qui viennent d'être décrits et que nous pouvons appeler globalement "résidus d'encre" se fera avec des solvants puissants, des détergents, de la pression (50 à 60 bars) et avec des pâtes alcalines ou avec des produits de remplacement non polluant que l'on trouve maintenant dans les références de tout bon fournisseur. Un bon décapage de l'écran doit se faire progressivement.

On ne peut pas raisonnablement espérer détruire tous les résidus d'encre à la première application des produits. Un premier traitement

enlèvera la première couche de résidus mais en révélera une seconde plus ancienne qu'il faudra éliminer de la même manière et ainsi de suite jusqu'à ce que le tissu soit propre. Plus les couches sont anciennes, plus elles seront difficiles à dissoudre. Il y aura de toute façon un moment où il faudra calculer ce qui est le plus rentable : rentoiler l'écran ou appliquer les produits. Pour votre information l'entoilage d'un écran 50 X 60 cm coûte transport compris 300 F HT et

les produits contre les images fantômes coûtent environ 100 F HT le

kilo (tous produits confondus), à cela il faut rajouter le prix de la main d'oeuvre qui est de 70 f/h pour un salaire au smic. Il faut aussi savoir que ces traitements de choc que nous faisons subir aux tissus les affaiblissent, les distendent et les rendent moins fiables.

La bonne démarche à suivre est préventive et peut se résumer en trois points :- Nettoyer les écrans immédiatement après leur utilisation. - Utiliser les produits de récupération d'écran préconisés par le fabriquant des encres et des émulsions que l'on utilise. - Choisir des écrans pas trop utilisés pour faire des travaux à risque, aplat sur verre, trames ou impression de traits fins. Les techniciens ont aussi découvert que les images fantômes provenaient de l'usure des fils, usure qui touche là encore les sérigraphes qui font de l'impression sur du verre ou de la céramique. En effet dans cette branche de notre métier les encres utilisées contiennent des pigments d'une nature telle qu'ils usent les toiles prématurément, un peu comme si l'on passait du papier de verre sur l'écran. Bien entendu cette usure prend la forme exacte du motif qui est imprimé à ce moment là.

Cette détérioration est surtout sensible avec des gazes en polyester.

Pour ce genre de travaux il faut donc prendre des toiles en nylon ou en acier, qui sont plus résistantes à l'abrasion. Dans le cas d'un long tirage il faudra prévoir de faire entrer dans le coût du produit le prix de la nouvelle tension de l'écran car étant donné qu'il n'y a aucun remède on pourra dire que l'on travaille à "écran perdu". Ce phénomène d'usure se produit lors du nettoyage de l'écran avec une brosse ou avec un chiffon trop agressif du genre "scotch brite". Les rayures que l'on fait sur la face externe du tissu se retrouveront dans les impressions futures sous forme de traits légèrement plus foncés (très visible avec des encres pastels et transparentes).

Quand on imprime des plaques d'inox ou de verre il se produit aussi une usure physique du tissu du au frottement de la toile sur les pourtours des plaques. Dans ce cas la prévention est évidente : limer et protéger les bord des supports et prendre une racle moins large que les supports.



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© Serge RENOUD

Dépôt légal en décembre 1999