Titre du cours :
la couleur

Le soleil a un rayonnement qu'on appelle le rayonnement électromagnétique. La lumière fait partie de ce rayonnement, elle est située sur une longueur d'onde particulière. Les couleurs se situent elles aussi sur une longueur d'onde qui leur est propre. Les longueurs d'onde se mesurent en mètre, la lumière qui se situe sur une bande très étroite se mesure en nanomètre (1nm = 1 milliardième de mètre soit : 0,000 000 001 m).

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La sensation rendue par une couleur est due au fait que l'encre correspondant à cette couleur absorbe tous les rayonnements sauf celui de la couleur en question. Par exemple l'encre rouge a la propriété d'absorber tous les rayonnements sauf celui correspondant au rouge.

La formation de la couleur peut se faire selon trois méthodes ; la méthode par soustraction, par addition ou par partition.

Pour fabriquer du vert avec des encres transparentes, un sérigraphe va superposer une encre bleue sur une encre jaune. Une deuxième solution consiste à réaliser directement le mélange dans le pot en mixant du bleu et du jaune. Cette méthode est appelée formation de la couleur par soustraction. C'est celle de l'aquarelle, de l'impression en couleur etc... La couleur résultant du mélange est toujours plus foncée que les couleurs qui ont servi au mélange.

Un éclairagiste pour avoir un éclairage vert ne projettera pas une lumière bleue sur une lumière jaune car cela donnerait du blanc. Cette formation là de la couleur est dite par addition, la couleur résultant du mélange est toujours plus claire que celle qui ont participé à la formation. Cette méthode concerne les éclairagistes de concerts, de monuments, grottes, la formation des points de couleur sur un écran de télévision.

Pour obtenir une zone verte un artiste de mosaïque n'alternera pas des petits morceaux de couleur bleue et des petits morceau de couleur jaune car cela donnerait du gris. Il s'agit de la formation de la couleur par partition. Elle concerne le tissage, l'impression en quadrichromie, le mélange des points sur un écran de télévision.

Les trois dimensions d'une couleur. Pour décrire une couleur nous avons besoin de trois notions ; la teinte, la clarté, la saturation. Le mot teinte sert à désigner le type de couleur en question. Les six teintes fondamentales sont le bleu, le cyan, le vert, le jaune, le rouge, et le magenta. Ces teintes se subdivisent à l'infini. Par clarté on entend le degré de luminosité d'une couleur ; clair ou foncé. La saturation est le degré de coloration de la couleur. Si on détermine une échelle allant de 0 à 100, un rouge qui aurait 100 serait un rouge qui ne pourrait être plus rouge et inversement un rouge qui aurait 0 serait le rouge le moins rouge possible c'est à dire neutre, sans coloration. Les encres que nous employons sont constituées de pigments noyés dans une base incolore. Plus on rajoute de base à l'encre moins elle est saturée. En sérigraphie textile il est fréquent de saturer complètement les couleurs pour les rendre plus vives, particulièrement dans l'impression quadrichromique sur tee-shirt.

Le contraste est un autre point de vue qu'il faut aborder quand on parle de la couleur. Le contraste successif est à prendre en compte très souvent. La vue d'une couleur à un moment donné sera influencée par la couleur que l'on aura vue juste avant. Si notre œil est habitué au bleu, le jaune paraîtra plus jaune, si notre œil est habitué au cyan le rouge paraîtra plus rouge, etc. Il est intéressant de tirer profit de ce phénomène lors de la création d'une affiche par exemple. Une autre curiosité dans le domaine de la couleur est l'image consécutive. Si on fixe une couleur un certain temps, en déplaçant son œil vers une surface blanche on verra apparaître la couleur complémentaire de celle que l'on observait. On matérialise cette image consécutive parfois lors d'un tirage, on croit qu'il s'agit d'une hallucination. Sur la feuille blanche que l'on place sur la base de la machine pour qu'elle y soit imprimée on voit parfois des couleurs et des formes qui disparaissent quand on veut les saisir du regard. Il s'agit en fait de l'image consécutive d'un détail coloré, qui se trouve à proximité d'une cale par exemple, de la feuille qui vient d'être imprimé.

Nous avons vu que la sensation de couleur était due au fait que les matières absorbent plus ou moins certaines radiations de la lumière du soleil, en corrélation avec le pouvoir de discernement de nos yeux.

Les encres fluorescentes sont des encres qui en plus des pigments de couleur, possèdent des substances capables de transformer les radiations ultraviolettes invisibles pour nos yeux en lumière visible. Ces encres renvoient donc plus de lumière que les autres et semblent les éclipser. Le pouvoir de ces encres est encore plus évident sous une lumière UV ou devant un écran de télévision. Les encres fluorescentes sont beaucoup moins résistantes que les autres à l'agression de la lumière du jour. Elles sont en général notées 3 sur l'échelle "blue wool". Pour allonger leur durée de vie on imprime un vernis transparent, en dernier passage, qui filtre les rayons UV responsables de la destruction des pigments, dans le cas des impressions textiles on conseille au client après chaque lavage de faire sécher les vêtements à l'envers pour que l'encre ne soit pas en contact direct avec le soleil.

La phosphorescence est aussi un phénomène de luminescence (lumière sans chaleur). Les pigments qui entrent dans cette catégorie ont la particularité d'emmagasiner la lumière et de la restituer, ce qui les rend visibles dans le noir complet. Après un éclairage de quelques secondes ce phénomène persiste environ une demi heure, et va d'un maximum de luminescence au début pour être nul au bout de ce temps. Pour prolonger la luminescence dans le noir on peut rajouter des particules de métal radioactif dans l'encre, c'est le cas de l'encre de certains cadrans de montres et de réveils. Les encres de sérigraphie qui sont phosphorescentes ont une seule couleur, blanche avec un reflet vert. Elles sont si claires qu'elles sont la plupart du temps associées à une deuxième couleur d'impression pour rendre le produit (voir l'exemple) aussi bien visible de jour que de nuit.

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Pour que le phénomène de rémanence de la lumière soit optimum sans rajout de pigment radioactif (interdit par la loi actuelle je crois) il faut s'arranger pour que le dépôt d'encre soit très épais, donc dans le cas de notre exemple, il faut employer un écran maille 20, faire un séchage puis une seconde couche, un autre séchage, puis troisième couche (au moment de la facturation il faudra compter s'il y a 10 pièces, 10 coups de racle pour la couleur verte du fond, et 30 coups de racle pour le mot "sortie" et la flèche). L'encre phosphorescente ne s'imprime que sur un support blanc. Le terme photoluminescence est synonyme de phosphorescence.

Les couleurs métamériques sont des couleurs identiques à elles mêmes uniquement dans les mêmes conditions d'éclairage. En fait de nombreuses combinaisons de pigments pourront reproduire la couleur d'un échantillon donné sous une même lumière. Quand la source de lumière change l'impression visuelle change si les couleurs que nous avons préparées sont métamériques. Ce cas se produit souvent. Pour y remédier la seule parade possible consiste à préparer l'encre dans les conditions où elle sera vue. Pour les panneaux de chantier faire les préparations à l'extérieur, pour les PLV à l'intérieur à la lumière d'un tube néon où dans la semi-obscurité, etc. Notez que ce qui est vrai pour la préparation des couleurs l'est aussi pour le choix d'articles imprimés : une robe pour l'extérieur se choisit à la lumière du jour, une robe du soir sous une lampe à incandescence. Pour une femme, s'être maquillée à la lumière du jour peut avoir des effets désastreux si elle sort dans une soirée où la lumière est tamisée, ou si l'éclairage est donné par des bougies. (voir un exemple) Pour un complément d'information sur les mélanges de couleurs voir le cours "encres et supports"

Nommer les couleurs, c'est à dire pouvoir dire ceci est du rouge, ceci est du marron, n'est pas toujours facile. Le cas qui m'occupe personnellement et qui me pose problème est celui du vert et du bleu. Sur un nuancier où l'on décline des couleurs qui vont du bleu au vert il est toujours difficile en milieu de gamme de trancher pour l'une ou l'autre.

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Les astrologues de Babylone disaient qu'il faisait officiellement jour quand on pouvait distinguer le bleu du ciel du vert des végétaux. Beaucoup de professions qui utilisent la couleur ont leurs propres termes, vert bronze, vert wagon pour les ferronniers, bleu bugatti est employé chez les fabricants de tissu pour la couleur des "bleus" de travail. Fort heureusement dans les industries graphiques nous avons des nuanciers aux normes reconnues par tous, le Pantone® par exemple. La couleur est une des rares choses qui ne peut se mémoriser par l'homme, les mots ne sont d'aucun secours et personne ne peut faire une teinte de mémoire, il faut un échantillon, un modèle visuel.

Si on interpose un objet entre une lumière et une surface blanche ou colorée on constate sur cette surface une ombre qui modifie sa couleur. Cette ombre est présente uniquement si l'objet reste en place. Il existe un type d'ombre qui est permanente et qui a été constaté par des savants après l'explosion de la bombe atomique de Hiroshima. L'éclair de cette bombe a à plusieurs endroits coloré le béton en lui donnant une légère teinte rougeâtre. Il s'agit de l'ombre laissée par certaines personnes ou objets sur les murs des immeubles qui s'est en quelque sorte gravée. Sur un établissement bancaire on a pu voir par exemple l'ombre d'un peintre en train de tremper son pinceau dans un pot de peinture.

Il est aussi certain que les couleurs ont une influence directe sur notre psychisme. Sur ce sujet beaucoup de gens disent beaucoup de choses. J'ai retenu quelques phrases de l'écrivain allemand du XIXe siècle Goethe. Il écrit que le orange "représente la couleur de l'ardeur extrême ainsi que le reflet le plus doux du soleil couchant. Raison pour laquelle elle se révèle agréable dans le décors et sous forme de vêtements". Quand il évoque le jaune il écrit : "Dans sa pureté la plus grande il porte toujours en lui la nature du clair et possède un caractère de serein enjouement et de douce stimulation". Le vert lui fait écrire : "l'oeil et l'âme reposent en ce mélange comme un élément simple. On ne veut pas aller au-delà..."

Note : orange est un nom masculin quand il s'agit d'une couleur, et c'est un nom féminin quand il s'agit d'un fruit.

 

Titres des quelques livres qui m'ont aidé à fabriquer ces pages sur la couleur.

 

Présence de la couleur, Frans Gerritsen, Dessain et Tolra 1975.

Hiroshima, John Hersey, Penguin Books, 1946 (pour l'ombre permanente.)

Traité des couleurs, Goethe.

Dessin de Goethe.

Autres livres (disponibles en consultation à la Bibliothèque des métiers d'Art d'Aix-en-Provence)

Art de la couleur, Johannes Itten, Dessain et Tolra.

Traité complet des propriétés, de la préparation et de l'emploi des matières tinctoriales et des couleurs, J. Ch. Leuchs, Librairie scientifique-industrielle de Mahler 1829 600 pages.

Mushrooms for color, M. Rice, Ereka California Mas River Press 1980.

Voici quelques thèmes qui aurait pu être abordés sur la couleur et auxquels vous pouvez déjà réfléchir.

La couleur comme un élément important de la culture et de l'imaginaire qui varie selon les peuples. Le noir est la couleur du deuil dans les régions méditerranéennes, en Chine c'est le blanc qui remplit ce rôle. Au moyen âge au Japon on pensait que l'indigo et le jaune protégeaient des morsures de serpents.

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Aux couleurs on attache des symboles ; le drapeau rouge et le drapeau noir en sont deux.

La couleur comme une des principales causes de rejet d'un travail par les clients en sérigraphie.

Complément culturel à lire : extrait de la symphonie pastorale d'André Gide,

et Voyelles d'Arthur Rimbaud