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La chemise Hawaiienne |
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La chemise Hawaiienne est une chemise ample aux couleurs vives, fabriquées à l'origine à Hawaii. Le tissu léger est imprimé avec de gros motifs rappelant la configuration de l'archipel. Au départ, et encore aujourd'hui pour des fabrications de luxe, ce tissu est fabriqué en sérigraphie. L'Archipel d'Hawaii est situé dans le Pacifique à mi-chemin entre les États-Unis et le Japon. C'est le travail conjoint de ces deux nations, mêlé à celui de la population locale qui va donner naissance à cette chemise. Les pionniers américains qui s'installaient à l'ouest des États-Unis devaient traverser en chariot tout le pays sur des pistes. Pour ce long voyage qui durait plusieurs mois à travers des contrées désertes, les colons possédaient des habits à toute épreuve. Outre le "blue jean", ils avaient une chemise très solide appelée "mille miles" qui se portait sur le pantalon. À cette époque aussi partaient de Californie de nombreux voiliers qui faisaient escale à Hawaii. Les marins portaient cette fameuse chemise qui fut très vite adoptée puis copiée par les asiatiques qui vivaient sur l'île. C'était aussi l'époque où beaucoup de missionnaires étaient au travail. Un de leur souci fut d'habiller les Hawaiiens qui ne portaient qu'un pagne, cette chemise tombait à point car, ample elle pouvait envelopper même les plus gros. Elle devint alors le costume des ouvriers agricoles dans les plantations, ce sont les firmes de vêtements de travail qui la fabriquèrent. Autour de 1930 elle prend la forme que nous lui connaissons aujourd'hui. Elle est fabriquée sur commande à l'intention des notables de l'île, pour des cérémonies. Au départ, les motifs imprimés en sérigraphie sont issus de la tradition Hawaiienne. Dés 1936 le tourisme se développe et avec lui la fameuse chemise. La fabrication s'industrialise, les tissus sont imprimés en Californie sur des rotatives mais la création et l'assemblage se déroulent toujours à Hawaii. Depuis 1960 avec la mode du surf le monde entier connaît et porte cette chemise mais les motifs et les couleurs s'étant tellement diversifiés, on ne peut plus vraiment parler de "chemise Hawaiienne". Les motifs : outre les motifs qui lui sont spécifiques, la chemise Hawaiienne porte une certain nombre de mots qui reviennent tout le temps. Il y a le mot "Hawaii", bien sûr, le mot "aloha" qui contient en lui toute la joie qu'ont les Hawaiiens à recevoir des étrangers, et puis de noms évocateurs dans les archipels : "Wakiki, Mani, Oahu, Kahoolawe Molokai", "Honolulu" : la capitale, "Kamehameha" : nom d'un roi. On trouve aussi des noms en transcription latine d'origine Hawaiienne mêlés de mots américains : "king Kamehameha", "Hawaiian hôtel", "land of aloha" etc... Les motifs que l'on trouve sur les chemises Hawaiiennes sont au début directement inspirés des dessins traditionnels décorant les pagnes que portaient les habitants de l'île avant la venue des européens et des asiatiques. Ce sont des dessins rituels ayant des significations précises au niveau des couleurs, par exemple le rouge était associé au courage, le blanc au sacré, le jaune à la victoire, les motifs sont très géométriques et très gros sur la chemise. Avec l'avènement du tourisme l'inspiration se tourne vers des symboles de l'île plus facilement compréhensibles par tous, des palmiers, des fleurs d'Ibiscus, des Ukulélés, des coquillages et certains poissons, des ananas (production principale d'Hawaii) et des personnages dans les scènes de la vie quotidienne (danse, pêche...). Ces motifs étaient reproduits sur les tissus de façon artisanale peints à la main ou à l'aérographe, et de façon semi industrielle ou artisanale en sérigraphie , ou encore de façon industrielle sur des rotatives. La sérigraphie présentait beaucoup d'avantages. Pour avoir une plus grande variété de tissus sans pour cela augmenter les frais de clichage d'écran, les sérigraphes faisaient plusieurs séries de tirages en encrant les écrans différemment à chaque fois. Un même motif avait par exemple un fond noir sur un tissu, un fond rouge sur un autre et ainsi de suite. À ce stade là le procédé sérigraphique est beaucoup plus performant que n'importe quel autre procédé d'impression même industriel. Un autre avantage qui donne de la beauté et de la force à la chemise Hawaiienne est la possibilité d'imprimer un motif très grand qui ne se répétera qu'une fois ou deux sur la chemise. En sérigraphie il est très possible de faire un palmier dont la base du tronc est au bas de la chemise et le feuillage dans le haut du dos. L'impression sur des rotatives ne permet pas de telles prouesses car il faut que le motif se répète tous les 25 à 30 cm environ. Les écrans utilisés à cette époque étant réalisés entièrement à la main, le motif peint directement sur la toile avec un vernis. En voyant le résultat on apprécie à quel niveau dans la maîtrise de l'art ces ouvriers avaient accédé. Au début des années 40 arrive dans les ateliers la méthode photographique, là encore, les sérigraphes d'Hawaii se surpassent puisqu'ils arrivent à imprimer de véritables photos en polychromie sur les chemises. Photos de personnages combinées avec des éléments classiques. Le principal de leur production reste néanmoins des photos monochromes imprimées en, marron, vert, bleu, ou rouge, ce procédé était différent de celui que nous utilisons aujourd'hui avec les émulsions photosensibles et n'a pas été dévoilé encore aujourd'hui. Ce qu'il y a de sûr c'est qu'il y avait beaucoup de déchets (surtout dans les impressions polychromes) et, que les couleurs étaient passées les unes après les autres. Le procédé a servi aussi à faire des chemises touristiques dans d'autres endroits des États-Unis, en Floride à New-York et en Californie, sur ces tissus étaient imprimées des vues "style cartes postales" des lieux intéressants. Il existe deux autres types de chemises, les chemises à bordure (ou le motif monte comme une frise de chaque côté du corps et le long de la boutonnière) et les chemises d'inspiration japonaise (dessin inspiré de l'extrême orient dont les couleurs sont plus en aplat. La chemise Hawaiienne prit dans les années 1950/1960 une renommée internationale qui ne la quitta plus jusqu'à nos jours. C'est en 1959 que l'archipel d'Hawaii devint le 50ème état des États-Unis. Cet événement fût fêté avec, et sur les chemises. Paradoxalement on trouve comme motif le chiffre 49 et non 50. En effet la reconnaissance d'Hawaii comme État, était dans l'air depuis plusieurs années. Les imprimeurs et fabricants de chemises se préparaient à l'événement. Les État-Unis comptaient alors 48 États, le n° 49 revenait tout naturellement à Hawaii. Le gouvernement fédéral en décida autrement et attribua ce n° au territoire de l'Alaska qui fut organisé en État membre des États-Unis quelques mois avant. Hawaii reçu donc le n° 50, il était trop tard pour refaire les chemises déjà imprimées qui furent mises en vente malgré tout. Dans les années qui suivirent le monde du show business des États-Unis lança la mode dans tout le pays puis en Europe. Des stars se firent couper des robes dans ce tissu, des hommes politiques furent surpris par des photographes en chemises Hawaiiennes (Harry Truman, Eisenhower), c'était l'époque du film "tant qu'il y aura des hommes" (from here to Eternity) dans lequel Montgomery Clift porte plusieurs de ces chemises. Pour choisir une authentique chemise hawïenne on peut se référer à l'étiquette. Voici quelques marques célèbres : "Musa Shiya - the shirt maker of shoten Ldt", "Elsie Das Hawaiian originals". Une chemise de qualité doit avoir la poche plaquée, coupée dans un morceau de tissu qui n'interrompt pas le motif et les boutons doivent être en noix de coco. Sur une authentique chemise le jaune n'est pas très employé car à l'origine ce colorant était fait avec une substance très acide qui rongeait les tissus (coton et rayonne) les rendant peu résistants aux lavages. |
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Kamehameha Garment Company En 1930 un tailleur, Ellery Chun, coupe et coud dans une pièce de tissu fleuri qu'il a dans son atelier, un vêtement qu'il appellera "Aloha Shirt". Quelques années plus tard, en 1936, Herbert Briner s'empare de ce nouveau concept de chemise et le fabrique pour un public plus large. Il fonde alors une entreprise "Kamehameha Garment Company" à Hilo. Cette entreprise acquiert très vite une réputation de qualité pour ce type de chemises qui reflètent les sentiments et les traditions des îles d'Hawaii. Aujourd'hui ses chemises fabriquées dans les années 1930-1940 et imprimées en sérigraphie atteignent des prix avoisinant les 100 dollars voire les 1000 dollars sur le marché des collectionneurs. Cette entreprise propose toujours des chemises faites dans cette tradition Les images |
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Paredise Wear
Les images
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© Serge RENOUD Dépôt légal en décembre 1999 informations en annexe au cours complet de sérigraphie.
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