Cours complet de sérigraphie
L'encre rongeante

Comme aide à la compréhension de ce chapitre servez-vous du questionnaire N°25

Questionnaire en ligne 388-403


Évaluation des risques téléchargez le document de travail

L'encre rongeante

Ce cours va vous renseigner sur l'utilisation de l'encre rongeante.
Pour étudier ce cours vous avez à votre disposition un questionnaire qui, une fois bien rempli, sera un bon résumé du cours.
Vous pourrez vérifier vos connaissances à l’aide d’un QCM dédié (N° 21).
En marge de ce cours je vous demanderai d’établir sur papier des procédures d’utilisation et une évaluation des risques.


Définition
L’encre rongeante est une encre qui, en plus de déposer de la couleur, va éliminer aux endroits du dessin la teinture du tissu sur laquelle on la dépose. Les couleurs sont ainsi beaucoup plus vives et plus marquées.
La technique d’imprimer en rongeant le tissu est pratiquée depuis de nombreuses années dans l’industrie textile. En général on emploie des encres rongeantes pour imprimer de petits motifs sur des fonds importants. Je parle ici de l’impression de métrage de tissu sur machine rotative ou à plat. On trouve d’ailleurs des étoffes imprimées uniquement au rongeant, le dessin apparaît par simple élimination de la couleur du fond (sans coloration avec un pigment).
D’un point de vue chimique, un agent rongeant est une substance capable de dissoudre les mordants d’une encre. Les mordants sont les composants d’une encre qui font que les pigments vont adhérer au tissu. Dans des livres anciens on trouve même des recettes, par exemple : 2 pots de jus de citron à 13 degrés, on dissout 1 livre d’acide tartrique, 1 livre d’acide oxalique - Manuel du fabricant d'indiennes De L. S. Thillaye 1834.
Dans l’industrie textile en continu, le motif rongé apparaît après lavage.
Avec l’encre pour la sérigraphie que l’on trouve actuellement, le motif apparaît sous la chaleur.

Composition de l’encre : et écran recommandé.
L’encre rongeante est composée d’une base et de son pigment, à laquelle se rajoute un agent rongeant. Cet agent se rajoute dans les proportions décrites dans la notice d’utilisation. À titre d’exemple pour 100 grammes d’encre, on va ajouter 5 grammes d’agent rongeant. Quand on prépare de petite quantité, il est recommandé d’utiliser une balance et d’être très précis dans son mélange. La préparation ainsi obtenue est active pendant 8 heures environ.
Comme pour toutes les encres, il faut lire les recommandations du fournisseur pour connaître les écrans les plus adaptés. Néanmoins il faut garder en mémoire les notions de base. Le choix des écrans se fait en fonction du support que l’on doit imprimer et de la finesse du motif lui-même. Pour un motif avec des finesses prendre un écran fin (maille 90), pour un tissu un peu plus rugueux on prendra un écran plus gros (maille 40 par exemple).
Pour imprimer une quadrichromie sur un tee-shirt foncé on pourra prendre pour le blanc de fond (la sous-couche) un écran maille 40, et pour les quatre couleurs suivantes un écrans maille 90. Si vous procédez ainsi n’oubliez pas d’adapter la linéature de la trame de votre image. Avec un écran maille 90 la linéature idéale (à mon sens) est de 53 lignes par pouces ou autrement dit, 21 lignes par centimètre environ. Si le jersey du tee-shirt le permet, c’est-à-dire si le coton est très finement peigné et si le coton lui-même est de bonne qualité, on peut utiliser des écrans plus fins, et donc une linéature plus fines pour la trame.

L'impression rongeante est utilisée sur des fonds foncés

le temps de séchage dépend de l'appareil de chauffage

Mode opératoire
Le mode opératoire est décrit ci-dessus en image pour les débutants. Contrairement à une impression classique il ne faut pas rechercher une netteté immédiate de l’image. Le dépôt d’encre est au premier abord terne. C’est seulement après l’exposition à la chaleur qu’il prendra tout son éclat. Pour pouvoir gérer au mieux cette phase il faut faire des tests car l’action rongeante est différente d’un tissu à l’autre. Certains tissus d’ailleurs ne se rongent pas.
Ces tests permettront d’établir un plan de rongeant en fonction du tissu : par exemple 300 °C 30 secondes environ, ou 160 °C 2 à 3 minutes. Vous voyez que je reste vague dans mes conseils, j’emploie “environ” de “2 à 3 minutes”, car il est indispensable que vous trouviez vous-même ces chiffres qui dépendront de votre appareil de chauffage et à chaque production des tissus eux-mêmes.
Les tissus qui se laissent ronger sont les tissus cellulosiques, tels que le coton (voir la fiche), le lin (voir la fiche) ou la viscose (voir la fiche) et voir la note en bas de page. Mais là encore des tests sont obligatoires avant impression pour savoir si le colorant qui teint le fond du tissu est rongeable.

Précaution à l’impression
Un plan de travail doit toujours être propre, mais parfois on peut tolérer quelques imperfections quand on travaille sur des fonds blancs ; sur les fonds foncés tous les défauts de la jeannette auront des conséquences sur l’impression. Avec l’encre rongeante ces défauts que l’on peut atténuer avec une encre traditionnelle en faisant plusieurs passages seront vraiment du plus mauvais effet. Les défauts en question sont les rayures du plateau, et surtout les fils qui sont dans les tee-shirts ou sur les tissus et qui se déposent entre chaque impression, retenus sur le plateau par la colle nécessaire à un bon maintien du support textile. C’est ce que j’ai voulu montrer sur l’illustration ci-dessous (schéma de droite).
J’ai remarqué que les lettres fines dans une composition ont tendance à perdre de la netteté, l’effet rongeant se propageant un peu tout autour de la zone encrée.
Si le chauffage est mal réglé, il se produira un jaunissement de l’encre blanche, le vêtement lui-même ne présentant aucun signe de brûlure.

le dessin à droite présente des défauts d'impression, la jeanette n'est pas propre

Précaution après l’impression
Les vêtements sont portés dans des conditions précises et très différentes de l’un à l’autre, par exemple dans des milieux humides, ou alors à l’extérieur en plein soleil.
Les vêtements sont lavés, certaines fois très souvent et par des moyens robustes (les nettoyages industriels, sanitaires, etc.).
Les vêtements sont ensuite séchés au soleil.
Toutes ces conditions sont susceptibles d’altérer l’impression. Il convient d’en mesurer l’impact. Pour cela nous avons des renseignements mis à notre disposition par le fabriquant de l’encre (notice technique) et par celui du support (étiquetage du produit). Une étude de ces deux documents est indispensable, mais pas suffisante. Comme pour toutes productions nouvelles il est recommandé d’organiser des tests de lavage, et de résistance à la lumière du soleil. Les résultats peuvent être communiqués aux clients, vous pouvez télécharger le document que j’utilise pour cet usage. Selon le cas il se peut que vous deviez rédiger vous-même une série de conseil supplémentaires, qui viendra en complément à l’étiquette figurant déjà sur le produit. Ce document pourra peut-être donner des indications différentes sur le lavage, le repassage, et l’exposition au soleil. Quand j’imprime des encres fluorescentes, je conseille aux clients de faire sécher les tee-shirts “à l’envers” et à l’ombre.
Le test de lavage se fait à la suite des tests d’impression. Il consiste à laver une pièce avec un détergent courant à une température précise, généralement celle qui est donnée par le fabricant du textile (voir l’étiquette dont chaque vêtement est pourvu - voir aussi le cours sur les codes de lavage). Ensuite il faut comparer avec une pièce qui n’a pas été lavée et constater le résultat. Si celui-ci n’est pas satisfaisant, il faut changer quelque chose dans la production, ou alors laver à une température inférieure une autre pièce pour voir le résultat. Si le résultat est satisfaisant, il faut laver encore cette même pièce pour savoir ce que devient l’impression après plusieurs lavages. Pour moi une encre qui tient bien doit être identique au bout de 10 lavages successifs.
Le test de résistance à la lumière du soleil est très simple à faire. L’impression est exposée au soleil, il suffit de regarder la décoloration éventuelle au bout d’une heure, de deux heures, etc. Très souvent on constate que l’encre tient très bien, et que c’est le fond du tee-shirt qui se décolore. Dans ce cas, on conseillera au client de faire sécher le produit à l’ombre, même si toute bonne ménagère provençale sait cela.
Dans certains cas, ces tests nous obligent à abandonner une production. Il arrive qu’il n’y ait pas de solution à notre disposition. Je reconnais que cela est dur à faire comprendre à un client.

Sécurité
Avant toute utilisation d’un nouveau produit, il convient d’étudier sa fiche de donnée de sécurité. Dans le cas des encres rongeantes il y a deux fiches de données de sécurité, une pour l’encre et une pour le produit rongeant. Ces documents nous renseignent entre autres sur la composition chimique du produit, sur les premiers secours, sur les conditions de stockage et d’utilisation, la toxicologie.
Dans la notice d’un de ces produits, il est indiqué qu’il faut une bonne extraction des vapeurs résultantes de la cuisson de l’encre. Il existe des dispositifs pour extraire l’air à l’avant du tunnel, qui sont, je pense indispensable si on décide de travailler majoritairement avec cette encre.
À un autre endroit j’ai aussi trouvé un conseil que l’on doit donner aux clients par mesure de précaution : le lavage avant de porter le vêtement : “Même si une étude indépendante a montré qu’il y avait peu ou aucun risque d’irritation de la peau par contact, il est recommandé, lorsque ce sont des vêtements pour enfants qui sont décorés, de les étiqueter “Laver avant de porter” pour empêcher tout contact par succion ou mâchouillage.” (Notice technique de l’encre TexCharge TC - Sericol)

dispositif de chauffage sans extracteur d'air à l'avant

dispositif de chauffage équipé d'un extracteur d'air à l'avant

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Note : la viscose a été inventée par Inventée par le comte Hilaire de Chardonnet en 1884, et peu après son invention est brevetée par Cross, Bevan & Beadle au Royaume-Uni, en 1892.
C'est une fibre fabriqué à l'origine à partir de la pulpe des arbres (la cellulose). Les tissus fabriqué en viscose ressemble à de la soie. La rayonne est un autre nom de la viscose.
En1938 la viscose est fabriqué à partir d'une fibre synthétique.

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Mots clés pour poursuivre la recherche : tous les "mots clés" de ce cours.

Site à voir à propos de la "viscose" :http://www.ville-echirolles.fr/sortir/viscose/viscose.html

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© Serge RENOUD