Les origines de la sérigraphie

 

Au XVIIe siècle au Japon on n'employait pas encore le mot sérigraphie mais on pratiquait couramment une technique que l'on pourrait appeler impression au cadre. Cette méthode était utilisée principalement pour l'impression de réserves sur des tissus destinés à être teints.

Ces tissus étaient teintés par empâtage. On appelle "empâtage" le fait de ménager des réserves sur un tissu à l'aide de pâte. Cette méthode et l'ensemble des procédés qui s'y rattache était très répandue chez les teinturiers à domicile en Chine au XIIe siècle. Elle était connue sous le nom de "in-fa-pu" (en transcription). La pâte utilisée était préparée à l'aide de colle et de son de riz broyés et pétris ou d'un gel mélangé à de la chaux). Elle était appliquée sur les tissus destinés à être teints au moyen d'un tube de bambou ou au moyen d'un pochoir. Les tissus teints de cette manière étaient en chanvre, en soie et en coton (cultivé au Japon à partir de 1512) et servaient à faire des vêtements, couvertures-lits et fichus.

Les pochoirs ("katagami") utilisés dans cet artisanat étaient découpés dans du papier qui était au préalable enduit de vernis pour le rendre plus résistant et imperméable. La découpe s'effectuait à la main en double exemplaire. Entre ces deux exemplaires un réseau de fils de soie (peut être de cheveux) était mis en place pour rendre l'ensemble plus solidaire. La pâte était passée à l'aide d'une racle et dans certains cas à l'aide d'un pinceau large. Après séchage du dépôt laissé par les parties ouvertes du pochoir les tissus étaient teints et ensuite lavés pour éliminer la pâte. La finesse obtenue était de l'ordre du millimètre (le point le plus fin avait un mm de diamètre).

Plusieurs méthodes d'ennoblissement de tissu utilisent le pochoir.

 

bingata

motif "bingata"

 

Les impressions traditionnelles de tissus appelées "bingata" combinent les trois méthodes suivantes : réserve par empâtage au pochoir, enluminure au pinceau et impression directe au pochoir. Une quarantaine de dessins est dédiée à cette technique (une dizaine représente des animaux et une trentaine des fleurs et des paysages).

Le procédé "chusen" consiste lui, à imprimer au pochoir une réserve sur un tissu de telle manière que cette réserve se trouve répétée dix fois par exemple. Le tissu est ensuite plié dix fois (dans notre cas de figure) selon les impressions, puis teint en aspergeant le tissu de colorant. Certaines teintures complexes nécessitent jusqu'à 150 pochoirs.

Un autre type de tissu appelé "yuzen" combine aussi ces trois phases. Les motifs sont imprimés au pochoir, puis coloriés à la main avec un pinceau, et recouverts d'une pâte de réserve avant d'être teints d'une teinture appliquée à la racle. Certains attribuent la découverte de la sérigraphie à un japonais du nom de "Some-Ya-Yu-Zen" au XVIIe siècle (époque du shogunat d'Edo).

Pourtant on retrouve à l'époque de la dynastie Ming en Chine (1368-1662) une méthode d'enrichissement des tissus qui utilise probablement ce type de pochoir.

Cette technique fut importée au Japon à l'époque Muromachi et Momoyama (XIVe et XVe siècle) où elle fut utilisée en complément de la teinture faite grâce à des ligatures (tie dyeing), l'ensemble de ces impressions s'appelle "tsujigahana".

 

tsijgahana

motif "tsijgahana"

 

Il s'agit d'une technique destiné à décorer les tissus et les vêtements avec des feuilles d'or et d'argent. Pour ce faire l'opérateur imprime de la colle sur le tissu puis pose une feuille d'or dessus, une fois la colle sèche il brosse le tissu, l'or reste accroché uniquement aux endroits où se trouve la colle.

tsijgahana

motif "tsijgahana"

 

Cette technique est la même que l'on utilise aujourd'hui pour avoir des impressions métalliques sur un tee-shirt, actuellement on utilise à la place des feuilles d'or des feuilles de mylar® (non autocollant). L'étude des motifs imprimés de cette manière montre à plusieurs endroits qu'un pochoir rudimentaire ne pouvait être utilisé et qu'il fallait bien qu'il soit renforcé avec des liens très fins.

Some Ya Yu Zen

Gravure sur bois tirée de la collection "24 représentations de l'artisanat japonnais"
d'après Yoshinobu Kano (1552 - 1640). Collection R Buner, Bâle.

 

Sources des documents ayant servis à la composition de ce cours

Les cahiers Ciba N°58 et N°1967-4, Bâles, 1955 et 1967.

Tsujigahana, The flower of japanese textile art, Toshiko Ito, Kodansha International Ltd, Tokyo-New York-San Francisco.

Ces livres sont disponibles en prêt gratuit au Centre National des Arts Plastiques (délocalisé à Aix-en-Provence). Si cela vous intéresse, je vous expliquerai la procédure à suivre pour les consulter.

Complément de titre d'ouvrage sur la sérigraphie

voir aussi :

L'introduction du cours complet de sérigraphie

cours principaux : exercices : suppléments : documents pdf : galerie : référentiel : liens

© Serge RENOUD

Dépôt légal en décembre 1999

 informations en annexe au cours complet de sérigraphie.