Titre du cours :
le clichage
Il y a trois sortes de produits de clichage, les émulsions, les films indirects (capillaires), et les films directs/indirects. Dans les articles de certaines revues, dans certaines publicités et notices, la différenciation se fait d'une autre manière à savoir que l'on parle d'émulsion, de films capillaires et de films indirects (qui correspondent donc au films directs/indirects de la classification précédente).
Quoi qu'il en soit l'émulsion reste liquide et se passe sur l'écran avec une racle spéciale et s'insole une fois sèche. Les films capillaires se collent sur un écran mouillé et s'insolent après un séchage complet. Les films indirects s'insolent et se dépouillent avant d'être collés sur l'écran.
L'émulsion est vendue non sensibilisée alors que les films sont vendus présensibilisés.
Cette sensibilisation fait l'objet de progrès constants. Il y a quelques temps encore l'usage de produits sensibilisés par des "chromâtes" était courant. Actuellement l'usage des sensibilisateurs diazo est le plus répandu. Maintenant il laisse la place aux photopolymères qui donnent des pochoirs d'encore meilleure qualité. Les "sels de diazo" qui sensibilisent les émulsions ont la particularité d'être décomposés par le rayonnement UV. Les zones exposées vont connaître une réaction chimique en chaîne qui aura pour effet le durcissement de ces zones (elles ne pourront plus se dissoudre dans l'eau). Cette réaction se fait sur les molécules qui sont en quelque sorte liées de ce fait les unes aux autres, ceci est visible sur l'écran car l'émulsion change de couleur. Cette réaction est très différente des autres systèmes photographiques où après exposition l'image est invisible (mais latente), et où il faut l'action d'un révélateur pour la faire apparaître.
Parallèlement à cette escalade dans les progrès techniques s'effectue une escalade dans les prix. Sans importance il y a quelques temps le prix du pochoir devient un véritable paramètre à prendre en compte dans le prix de revient des produits imprimés. Ce prix doit être parfaitement maîtrisé, pour cela le plus commode est d'établir un prix de revient du pochoir au mètre carré pour chaque produit que l'on utilise.
À titre d'exemple le prix moyen d'un film indirect est de 118,00 F HT le m2, un film capillaire coûte 104,00 F HT le m2, un émulsion revient à 16,00 F HT le m2.
L'étude de ces prix met en évidence que les émulsions sont meilleur marché que les films. Il reste donc à définir les avantages de l'un par rapport à l'autre. Le problème peut se poser ainsi : les sérigraphes utilisent couramment des émulsions, quand doivent-ils utiliser des films? et quand le peuvent-ils? Il faut garder en mémoire que pour l'instant les progrès techniques n'ont pas donné le jour à un produit universel idéal pour tous les usages.
La qualité du dépôt d'encre que l'on dépose sur une feuille dépend à la fois du choix du tissu et du choix des produits de clichage. Pourtant il ressort des observations que l'épaisseur de l'émulsion ou du film n'affecte le dépôt d'encre que sur les bords du cliché, toute les zones éloignées de 0,4 mm d'un bord quelconque d'émulsion ou de film n'en subissent pas les effets, à ces endroits là, la couche d'encre est fonction uniquement du tissu. Par exemple avec une couche épaisse si ,le motif est constitué de traits fins il y aura un gros dépôt d'encre et même du relief. Par contre si le motif est un aplat et que le tissu de l'écran est fin on aura une épaisseur d'encre uniquement sur les bords et rien au milieu, on pourra même constater un défaut typique qui se manifeste par des ombres sur le bord des aplats (si l'encre est plus épaisse sur les bords elle est plus saturée donc plus foncée qu'au milieu du motif où il y en a moins).
figure sans numéro, voir aussi la figure 94
Si donc vous avez une couche épaisse d'encre à passer, il vous faudra prendre une maille très ouverte et enduire l'écran de manière à ce que la couche d'émulsion soit elle aussi très épaisse pour que les bords du motif soit bien définis.
Les émulsions paraissent mieux adaptées aux différents types d'encre que les films. En effet elles résistent bien aux encres à solvants, aux encres contenant de l'eau ou diluées avec de l'eau et aux encres à co-solvants. Les films résistent très mal à ces co-solvants par contre ils n'ont aucun problèmes avec les autres catégories d'encres.
Pour la solidité, chose que l'on demande lors de grands tirages, les émulsions sont supérieures aux films. Ceci est dû en partie au fait que l'émulsion emprisonne complètement la maille du tissu (des deux côtés) contrairement aux films qui sont collés uniquement sur le côté extérieur de l'écran. Les films sont résistants soit à l'eau soit aux solvants, de plus en plus les solvants de nettoyage contiennent de l'eau (pour des raisons de recyclage) ce qui a pour effet de détériorer les films qui résistent aux solvants et très mal à l'eau (même dissous en petite quantité dans un nettoyant). Les émulsions pour encres à solvant n'ont pas cet inconvénient. À ce niveau là ce qui va déterminer le choix d'un produit plutôt que d'un autre est la durée du tirage et les interruptions fréquentes ou non (interruption égale nettoyage).
Les films ont des épaisseurs pré-établies, 25 microns, 50 microns, etc. alors qu'avec les émulsions on est libre de choisir l'épaisseur voulue, ce qui est difficile quand on enduit à la main mais assez facile avec des machines à enduire (qui font leur entrée dans les ateliers). Avec les films pour avoir un dépôt d'encre contrôlé il faudra jouer sur les mailles des tissus.
Pour une impression nette il faut une épaisseur du cliché de 12 microns (pour une maille 120) au minimum quand on utilise une émulsion. Avec une émulsion on ne pourra pas aller au dessous de ce chiffre, seul un film le pourra.
Pour des petits tirages les films capillaires sont plus rapides à utiliser que les émulsions; temps de séchage et temps de pose plus courts.
Il est actuellement possible de produire des clichés de manière tout à fait automatique. Pour cela sur le marché se trouvent deux machines une qui va poser des films capillaires et une autre qui va enduire avec de l'émulsion. Le dépouillement puis le dégravage se font ensuite dans des machines entièrement autonomes et sans aucun contact avec l'extérieur.
On constate de grandes différences entre ces différents produits de clichage au niveau de la résolution. On sait que plus l'exposition aux UV est courte meilleure sera la résolution (c'est à dire la fidélité du cliché par rapport à l'original). Pour la durée d'exposition l'épaisseur du cliché entre en compte ainsi que les mailles du tissu. Les films indirects ont les temps d'exposition les plus courts et donnent une meilleure résolution puisqu'ils sont insolés à part sous leur feuille transparente sans être gênés par les mailles du tissu. Les films capillaires fins utilisés avec une maille fine donnent d'excellents résultats puisque leur temps d'exposition est le plus court théoriquement.
Les impressions faites avec des films indirects ou capillaires fins sèchent plus vite, le dépôt d'encre est fin et uniforme (chose très difficile à réaliser avec de l'émulsion).
Dans le futur il semble que les émulsions relèveront le défi lancé par le système de projection de clichés. Ce système demande un produit très sensible avec un temps d'exposition de 2 à 6 minutes pour un agrandissement de 10 fois.
J'ai relevé ces renseignements techniques dans un article de M. H Kunz, Directeur de Fotec AG, Zürich.