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Introduction

LA SÉRIGRAPHIE est à l'origine, un procédé d'imprimerie manuel. Le matériel nécessaire peut être simple et rudimentaire. Il suffit d'encre, d'une raclette, et d'un cadre d'aluminium (parfois de de bois) sur lequel est tendu un tissu très fin (comme de la soie). On laisse les parties du tissu correspondant au dessin "ouvertes", et on bouche les autres avec du vernis. L'encre devra passer par les mailles libres. Le pochoir est utilisé par l'Homme depuis toujours et partout sur la terre pour la décoration. La fabrication du pochoir consiste à découper des masques de différentes matières qui vont empêcher la couleur de passer. Les premiers pochoirs sont les mains des hommes préhistoriques qui ont servi à décorer les grottes de Lascaux. Ces hommes appliquaient leurs mains en repliant certains doigts contre les parois rocheuses puis projetaient de la couleur rouge ou noire à l'aide de fumée. Le mot sérigraphie vient de la racine "serici" qui veut dire "soie" et graphein" qui veut dire écrire. En quelque sorte sérigraphie veut dire "écrire avec de la soie", voir note 1 cours sur les supports textiles.

On retrouve cette technique du pochoir chez les peuples primitifs qui l'utilisent pour faire des tatouages sur tout le corps. En Chine et au Japon on s'en sert depuis des millénaires pour la décoration des objets et des tissus. La limite du pochoir réside dans le fait que l'on ne peut pas représenter des cercles, ou du plein à l'intérieur du vide. Il faut toujours prévoir des "ponts" pour rendre solidaire la partie centrale du pochoir avec le cadre. Ceci rend le graphisme du pochoir très particulier et très facilement reconnaissable. On trouve le dessin du type "ombre chinoise" et le dessin parsemé d'autant de petits ponts qu'il y a d'îlots noirs dans le dessin.


Le pochoir nous impose un monde sur le papier où tout est solidaire par des liens solides, un monde où il n'y a pas d'île mais uniquement des presqu'îles : dans le dessin au pochoir il y a un pont pour aller des cheveux au nez, du nez au sourcils, un autre pour aller des sourcils aux yeux et un dernier qu'on voudrait invisible pour aller de l'oeil à la pupille.


C'est au Japon ou peut être en Chine que l'on rendra ce pont invisible en utilisant des cheveux de femme pour faire la liaison entre les différentes taches du dessin. Plus tard on utilisa la soie en collant directement dessus des morceaux de papier enduit de gras. C'est ainsi que la sérigraphie est née, sans bruit. Elle ne fit pas révolution, elle resta simplement un pochoir amélioré, plus performant.
Dans sa forme actuelle la sérigraphie est quelque chose de récent. Elle date du début du siècle, découverte aux États Unis et en Grande Bretagne simultanément, puis introduite en France vers 1950. Aux États Unis on lui découvre sa vocation industrielle et elle prend un essor colossal dans le marquage à même l'objet. Pendant la crise de 1930 les artistes l'adoptent, voyant là un moyen économique de reproduire leurs oeuvres (citons Ben Shan, Robert Gwathmey, Harry Sternberg, puis Jackson Pollock et Marcel Duchamp). Ils la rebaptisèrent "sérigraphy" par opposition à "silkscreen" utilisé dans l'industrie. En 1945 en Allemagne la sérigraphie (siebdruck) arrive sur le fuselage des avions US où des "comics" étaient imprimés, en France elle s'appellera d'abord séricigraphie (sérici = soie), puis enfin sérigraphie. La sérigraphie est adoptée par le mouvement du Pop art et des artistes tels que Andy Wahrol, Roy Lichtenstein, Robert Rauschenberg, James Rosenquist.


Marilyn par Andy Wahrol - Copyright 1996 by The Andy Warhol Museum, Pittsburgh, Pennsylvania, USA.

Ribbon de Roy Lichtenstein

Ces artistes travaillent souvent en collaboration avec des artisans sérigraphes qui s'occupent de la partie technique du travail. La sérigraphie est aussi un procédé d'impression qui est un pur produit de la société industrielle répondant à un besoin de marquage solide durable et bon marché. C'est actuellement le moyen le plus moderne de reproduction parce qu'il se prête à tous les supports. On l'utilise en électronique (marquage des références sur les plaques de circuits imprimés, impression de ses plaques), impression des claviers de micro-ordinateurs, et des composants. On se sert aussi de la sérigraphie pour imprimer des emballages de toutes sortes, pour la publicité sur le lieu de vente (PLV) sur des matériaux les plus variés tel que le carton, PVC, Akylux, Lexan, etc. Le marché de la sérigraphie est en progression constante, des entreprises de petites et moyennes dimensions se le partagent. On trouve aussi de nombreuses unités d'impression à l'intérieur de grandes industries (dans les verreries par exemple). Chaque année a lieu en Europe ou en Amérique du nord un salon international exclusivement réservé à la sérigraphie.